« AAAAAH JE T’AI TUE MAN ! AHHH T’ES TROP UN CACA SUR PATTES HAHA ! » Je sautais sur le sofa, manquant à plusieurs reprises de me gaufrer. Mon frère restait les bras croisés, la mine boudeuse. J’y pouvais rien si j’étais une déesse à Mario Kart … « Rooo, c’est bon ! C’est pas parce que t'es nul que tu dois faire cette tronche ! Tu t’y habitueras, c’est tout ! » Je rigolais, ébouriffant au passage les cheveux bruns de Wayne. « Nia nia nia, t’es trop naze. » Quel mauvais joueur celui-là mais ça m’amusait plus qu’autre chose. « Bon, pour me faire ‘’pardonner’’, que dirais-tu d’un gros quatre heures ? » Ca m’arrangeait plus qu’autre chose mais il était pareil que moi au fond : un gros bouffeur. « Que si tu me fais mes tartines au Nutella, et que tu me sers un grand verre de jus d’orange avec. » « T’es gonflé … » J’avais cédé bien sûr, comme toujours, parce que j’avais horreur qu’il fasse son petit bec en canard lorsqu’il boudait. C’était comme ça à chaque fois, il savait s’y prendre le petit frère […] J’étais dans ma chambre, allongée sur mon lit. Je textotais avec quelques amis quand je vis la porte s’entre-ouvrir avant qu’une tête se glisse dans l’entrebâillure. « Je peux rentrer ? » Je fais un oui de la tête et lui fais une place à côté de moi. « Pourquoi papa et maman me laissent pas faire c’que je veux ? » J’haussais les épaules puis le regardais. « Ils ont peut-être peur qu’un jour tu reviennes avec les cheveux rouges … » dis-je en rigolant mais voyant le regard désespéré de mon frère, je tentais de retrouver mon sérieux. Qu’est-ce qu’il est pas drôle, roo. « Ils veulent juste ton bien, ils veulent que tes années lycée se passent à merveille. Ils sont juste protecteurs, c’est pas pour te faire chier. » Je lui faisais un sourire tandis que je passais mes bras autour de lui afin de le serrer contre moi. « Ici, il y a que moi pour te faire chier ! » Je lâchais un nouveau rire, méritant un soupire de Wayne. Et finalement à son tour, un rire. ALLELUJAHHH ! Il a rigolé !

Wayne était du genre à ne pas dire clairement les choses ; la façon pour me dire je t’aime, c’était en me faisant chier. Je comprenais son petit manège, il était beaucoup trop macho pour dire ces quelques mots. J’ai aussi vu au fil du temps qu’il était devenu assez protecteur. Mais ça il le cachait aussi ; je le voyais souvent au lycée m’observer, croyant que c’était discret. Manque de bol, j’étais du genre à tout voir. Moi envers lui ? Grande sœur attentive, fouineuse … Je ne l’épiais pas, je ne le suivais pas mais j’aimais savoir tout de sa petite vie. Mon frère, j’avais l’impression de me retrouver en lui et lui de se retrouver en moi. Je tenais à lui, il valait de l’or à mes yeux. Et pour rien au monde je le laisserai tomber.